Améliorer votre lecture à vue : 4 méthodes efficaces pour lire les notes rapidement (et sans souffrir)

Si vous débutez en musique, il y a des chances que vous ayez du mal à lire les notes et déchiffrer les partitions de manière fluide et rapide. Et vous devez probablement vous demander quelles sont les techniques à apprendre pour lire et jouer une partition à vue, sans l’avoir apprise avant. On va voir dans ce cours quelques astuces pour vous y aider…

Aujourd’hui, nous allons donc creuser le sujet et passer en revue mes meilleures techniques pour apprendre à lire les notes de musique…

Même si vous connaissez déjà les bases du solfège, même si vous savez lire les notes, ou même encore si vous n’utilisez pas les portées mais les tablatures… je vous invite à lire la suite, parce qu’il y a de bonnes chances que vous appreniez au moins un nouveau truc utile !

Dans ce cours, vous allez découvrir 4 astuces pour lire les notes de musique plus rapidement

  1. L’astuce mnémotechnique pour apprendre les noms de note en français, anglais et allemand (parce que pourquoi pas ! ?)
  2. Un « secret » hyperutile caché dans la typographie des clefs de sol, fa et ut.
  3. La notion de note-pilier qui m’a permis de doubler ma vitesse de lecture et pourtant qu’on ne m’a jamais appris en classe de solfège
  4. La plus puissante astuce : la lecture relative des intervalles qui améliore significativement la vitesse de lecture

C’est parti !

1 – L’astuce mnémotechnique pour apprendre les noms de note

Avant tout, je vous recommande vivement d’apprendre les noms de note en français et en anglais. Pourquoi ?

  1. Parce que l’écrasante majorité des partitions qu’on peut trouver sur internet sont en anglais. À tel point qu’on l’appelle « la notation internationale ».
  2. Parce que beaucoup de musiciens francophones notent leur partition en anglais.
  3. Et aussi parce que ça nous servira pour l’astuce suivante ?

? Les systèmes de noms de notes

Voici donc en tableau les « traductions » des différents systèmes. Je vous note aussi la traduction allemande au passage, parce qu’elle est facile et qu’elle peut être source de confusion si vous ne la connaissez pas ! (Ce système étant principalement utilisés par les compositeurs allemands et autrichiens)

SystèmeNom des notes
Françaisdo (ut)mifasollasi
AnglaisCDEFGAB
AllemandCDEFGAH pour si et B pour si

N.B. : Voici quelques infos utiles sur la notation anglophone que vous rencontrerez tôt ou tard :

  • bémol se dit flat et dièse se dit sharp.
  • si le système alphabétique (ABC) est principalement utilisé dans les pays anglophones, il est tout de même possible de rencontrer le système latin (do ré mi). Dans ce cas, sachez que « si » a été remplacé par « ti » par Sarah Glover au XIXe siècle afin que chaque syllabe puisse commencer par une lettre différente

Sachez qu’il existe bien évidemment d’autres systèmes à travers le monde.

? Quelques astuces :

Il existe plusieurs moyens mnémotechniques pour apprendre la traduction des notes. Inutile de les apprendre tous, choisissez juste ceux qui vous correspondent le mieux et déduisez-en les notes voisines. Finalement, ce n’est pas une, mais bien cinq mini-astuces que je vous propose pour apprendre les noms de notes :

  • C et D = do et , parce qu’un disque d’or c’est un CD doré
  • E = mi, parce que c’est mi-E (mieux)
  • F = fa = même première lettre (mais attention : avec cette méthode, D n’est pas do mais )
  • G = Ground = sol
  • A = la = « Ah la la ! » (Oui. Bon. J’ai pas trouvé mieux. ? Mais tant que ça marche… !)

Bon, évidemment ces astuces ne sont que des béquilles. Elles dépannent bien quand on débute, mais il vous faudra passer rapidement à une façon de faire… un peu moins cool mais bien plus efficace pour la lecture rapide. La voici :

Lorsque vous lisez une note dans le système anglophone, appelez-la (dans votre tête ou à haute voix) par le nom correspondant du système francophone. Par exemple, quand je lis  « F A C E », je pense « fa la do mi » et non « face ». Ça permet d’ancrer le nom des notes sur les lettres. Je sais, c’est un peu déroutant au début, mais ça vient vite vous verrez. ?

Ces quelques mini-astuces sont plutôt simples et assez populaires, mais nécessaires à préciser. Voyons maintenant une astuce bien moins connue…

2 – L’astuce hyperutile « cachée » dans la typographie des figures de clef

? Le saviez-vous ?

À l’origine, les figures de clefs sont des enluminures servant à donner une hauteur absolue à la ligne sur laquelle elles étaient écrites (à une époque où la notation grégorienne n’avait pas de hauteur fixe et s’adaptait à la voix du chanteur). Leur graphie nous vient du Moyen-Âge, autour du XIe siècle, à l’époque de la notation neumatique. Durant cette période, la musique était encore entièrement manuscrite. Et de copie en copie, de siècle en siècle, leur aspect à lentement évolué jusqu’à la version contemporaine que vous connaissez. En voici quelques variantes actuelles :

Les clefs de sol fa et ut dans 5 fonts différentes. Notez leur grande similitude

? Niveau débutant

Ainsi, une clef donne son nom à la note qu’elle place, « verrouillant » la hauteur de la partition.  Une clef (ou clé) se dessine basiquement en partant de la note qui lui donne son nom. C’est comme ça qu’on nous apprend traditionnellement à les écrire. Voici comment ça se présente pour chaque clef :

On peut aussi le représenter autrement, avec ce qu’on appelle la portée générale de onze lignes. Cette portée générale nous révèle de manière intéressante la hauteur relative entre les clefs :

Sur cette portée, il y a une chose importante à noter tout de suite : le Do de la clef d’ut est particulier… Il s’agit du fameux « Do du milieu » appelé aussi « Do de serrure » par les pianistes… C’est un peu la clef de voûte qui relie les deux portées.

De cette portée générale, on peut en déduire 8 petites portées. Voici le do de serrure sur chacune de ces portées :

Nous venons donc de voir les 3 principaux points de repère qui constituent la base de la base. Passons maintenant au niveau suivant !

? Niveau avancé

Il y a quelque chose d’intéressant avec la graphie des clefs : elles n’ont que très peu changé depuis l’invention de l’imprimante (et encore moins depuis l’ère des partitions numériques). Et cette normalisation, on peut l’exploiter astucieusement… Ne bougez pas, le temps de prendre mon stylet et je vous dessine ça ? :

La clef de sol est un G stylisé. La spirale au centre entoure un sol et la boucle en haut (qui entourait jadis un Ré) monte aujourd’hui jusqu’au sol à l’octave. La goutte quant à elle place le Do de serrure.

La clef de fa est un F stylisé. Les deux points sont placés de part et d’autre du Fa, mais surtout la hampe descend jusqu’à croiser la ligne du Si.

La clef d’ut est un C stylisé. Nous l’avons vu, le centre de la clef place le Do de serrure. De plus, les extrémités s’arrêtent sur un sol et un fa. Remarquez que j’aurais dû utiliser les deux gouttes comme références (les gros points noirs sur la figure contemporaine) comme pour les autres clefs, mais cela pourrait porter à confusion. En effet la clef d’ut étant à mi-chemin entre les clefs de sol et de fa sur la portée générale, ce serait contre-intuitif d’inverser des références déjà présentes.

? L’astuce

Tout ceci nous donne plein de nouveaux repères… (Chouette !)

Pas mal, non ? ? Mais attendez, on peut aller encore plus loin

3 – L’astuce des notes-piliers qui m’a permis de doubler ma vitesse de lecture

? Une note-pilier ?! Qu’est-ce que c’est ?

Quand j’étais en classe de solfège, notre professeure nous avait malheureusement enseigné une méthode qu’il ne faut en fait surtout pas utiliser. Vous la connaissez peut-être ? C’est la méthode qui dit que « la clef de fa se lit 2 notes au-dessus », « la clef d’ut se lit une note en dessous », etc.

Cette méthode est contre-productive et extrêmement lente. Elle prend deux fois plus de temps ! Le temps de lire la note en clef de sol + le temps de la transposer mentalement dans la bonne clef… ?

Croyez-moi, si vous l’utilisez, cette méthode est à oublier sur-le-champ. Les musiciens pro ne l’utilisent d’ailleurs pas. Personnellement, ma vitesse de lecture s’est débloquée d’un coup, dès que j’ai laissé tomber cette méthode.

J’ai donc dû trouver autre chose… Vous avez deviné, ce sont ces fameuses notes-piliers.

Voilà l’idée : une note-pilier est une note qui sert de support au cas où l’on déraperait et qu’on perde le fil de la lecture. Lorsqu’on croise une note qu’on ne connait pas bien, il nous suffit alors de trouver la note-pilier la plus proche pour rebondir et rapidement retrouver le fil.

Il n’y a qu’à apprendre par cœur l’emplacement de seulement quelques notes-piliers choisies astucieusement en haut et en bas de la partition. Puis lire, lire, lire et lire encore ! Jusqu’à ce que les autres notes s’intègrent naturellement.

C’est une technique que j’ai développée tout seul dans mon coin… mais j’imagine que beaucoup d’autres musiciens l’ont probablement développé aussi, par nécessité !

? L’astuce

J’utilise principalement 3 types de notes-piliers :

  1. Les notes que la clef me suggère par son enluminure (cf. l’astuce précédente)
  2. Le Do de serrure, parce que c’est vraiment une note importante pour me représenter mentalement la hauteur absolue. J’en profite pour placer un autre Do à l’octave à l’intérieur de la portée.
  3. La note centrale de la portée et ses octaves inférieure et supérieure. Ensemble, elles permettent d’avoir une excellente base visuelle (bien symétrique) pour placer les notes aux hauteurs extrêmes. C’est très efficace !

L’idée est donc de placer ces notes-piliers de manière suffisamment espacée pour en avoir une sur laquelle s’appuyer constamment, quel que soit le registre dans lequel on se trouve. Nous devrons donc faire un ou deux ajustements… Avec la disposition ci-dessous, je suis à une tierce maximum de n’importe quelle note que je ne maîtriserais pas. À tout moment.

? L’astuce en plus

Avez-vous remarqué que les positions des notes-piliers en clefs de sol et fa sont symétriques entre elles ? D’ailleurs la position des notes-piliers en clef d’ut est aussi parfaitement symétrique en elle-même… Ce qui en fait la clef la plus facile à apprendre ;)

La technique des notes-piliers marche vraiment bien pour moi. Toutefois, elle m’a demandé un peu de temps à développer, mais reste plus simple qu’un apprentissage par cœur long et décourageant.

Et pour finir, voici la meilleure technique que je connaisse :

4 – L’astuce la plus puissante : la lecture relative des intervalles

? Le prérequis

Pour tirer le meilleur de cette astuce, il y a une chose importante à apprendre avant… Il s’agit des cycles d’intervalles (à l’endroit et à l’envers) :

  1. Le cycle des secondes : do ré mi fa sol la si // si la sol fa mi ré do
  2. Le cycle des quintes : fa do sol ré la mi si // si mi la ré sol do fa
  3. Le cycle des tierces : do mi sol si ré fa la // la fa ré si sol mi do

Ces cycles sont à connaître par cœur. Quel intérêt ? eh bien, cela vous servira par exemple à :

  • Connaître rapidement les notes des accords
  • Trouver les notes diésées ou bémolisées d’une armature à la clef (ou armure)
  • Faciliter la lecture de la portée. C’est la chose qui nous intéresse aujourd’hui !

Prenons une note. Disons un sol. Juste au-dessus et juste en dessus se trouvent deux autres notes situées à un intervalle de seconde. Un peu plus loin à une distance de deux notes se trouve une tierce, puis une quarte, une quinte, etc.

Sachant qu’il existe 2 façons de positionner les notes (sur une ligne ou dans un interligne), il a quelque chose d’intéressant à relever ici :

  • les intervalles pairs changent de type de position (avec notre sol en exemple, on passe d’une ligne à un interligne).
  • et les intervalles impairs conservent le même type de position (d’une ligne à une autre ligne)

? L’astuce

On dispose alors de plusieurs repères visuels pour placer des « schémas » d’intervalles et commencer à lire les notes relativement les unes aux autres. En choisissant nos schémas d’intervalles, on peut s’en servir comme référence de distance. Voici ceux que je propose de mémoriser : la tierce, la quinte et l’octave.

Ainsi, plutôt que de réciter toutes les notes d’un grand intervalle (telle qu’une sixte), avec cette méthode vous pouvez directement sauter les intervalles et connaître la note plus rapidement (pour notre sixte : une quinte + une seconde).

Et voilà ! Vous êtes maintenant armé pour commencer à lire les partitions plus facilement et plus rapidement. Mais ce n’est pas fini bien sûr, il est maintenant temps de mettre en application toutes ces astuces… RDV dans le prochain cours qui est un TP !