Tu ne trouves pas abusé que les majors sucrent quasi tous les bénéfices des albums ? ou que beaucoup de groupes jouent gratuitement sur scène ? Rare sont ceux qui vivent de leur musique. Pourquoi la musique ça se vend mal ?
Pose-moi tes questions

Transcription de la vidéo

Pourquoi la musique se vend mal et pourquoi peu de musiciens arrivent à en vivre ?

Alors, aujourd’hui on va introduire un problème un peu tabou pour les musiciens, on va parler d’argent.

Je ne sais pas si tu as remarqué, mais tu ne trouves pas abusé que beaucoup de groupes de musiques doivent limite payer pour monter sur scène, que la plupart du temps un groupe de musique joue gratuitement sur scène ?

Tu ne trouves pas abusé que des fois certains musiciens de rue arrivent à s’en sortir mieux en gagnant quelques pièces que des groupes de musique entiers ?

Tu ne trouves pas un peu abusé que les majors nous sucrent tous les royalties sur les albums, tous les bénéfices, et puis que les plateformes de téléchargement finissent de découdre le fond de nos poches, nous musiciens ?

C’est bizarre quand même, rares sont ceux qui arrivent à vivre de leur musique, et encore plus rares sont ceux qui arrivent à vraiment percer.

Mais même si la musique c’est une expression artistique qui n’est pas forcément vouée à être vendue, pourquoi est-ce que la musique ça se vend mal ?

Eh bien, en fait pour moi, la principale raison c’est que ce n’est pas un produit qui répond à un besoin vital. L’art n’est pas indispensable en soi, ce n’est pas comme du papier toilette, ou une bouteille d’eau ou encore du dentifrice, bref ça ne rentre pas dans les besoins primaires de survie.

Je ne sais pas si tu connais la Pyramide de Maslow, la pyramide des besoins, c’est en fait une représentation sous forme de pyramide qui montre la hiérarchie des besoins. C’est à dire quels besoins il faut que nous en tant qu’être humain on satisfasse avant de penser à des besoins qui sont plus hauts dans cette pyramide. Et finalement la musique ce n’est pas un besoin primaire, c’est un des derniers besoins en haut de la pyramide qu’il faut qu’on satisfasse. Parce que finalement ce n’est pas un besoin physiologique, ça ne répond pas à la faim, la soif, la sexualité, le sommeil, ce genre de chose.

Ce n’est pas un besoin de sécurité, ce n’est pas comme une maison, ce n’est pas comme un muret, ce n’est pas non plus un besoin d’appartenance d’amour, il n’y a pas besoin d’affectif, ce n’est pas un besoin où si tu écoutes de la musique il va y avoir une grande estime de toi, ce n’est pas un besoin où tu ne gagneras pas plus de reconnaissance des autres, de l’appréciation des autres, quoique si c’est un style musical bien précis et que du coup en écoutant ce style, en t’affichant avec ce style ça te permet d’entrer dans ce groupe, bref c’est une autre histoire.

Mais tu vois que là la musique commence à peine à apparaître, quoi, et on est déjà en haut de la pyramide.

Alors, c’est normal que finalement la musique a du mal à se vendre parce que ce n’est pas un besoin auquel on doit répondre à tout le monde, en fait.

C’est un besoin que, une fois que tu es tranquille dans ta vie finalement, qu’enfin tu vas vouloir te développer et t’enrichir musicalement, aller voir des concerts, et te faire plaisir à ce genre de chose.

Heureusement, nous, dans notre société occidentale, en tout cas en Europe, on a un niveau de vie qui est assez élevé et du coup, c’est un besoin qui est là et qui est omniprésent, parce qu’on a un certain niveau de vie.

Mais si tu vas dans des pays très, très pauvres, ce n’est vraiment pas leur besoin primaire que d’acheter un CD ou aller voir un concert, clairement. Ils sont très, très loin de ça, et ils ne sont pas prêts à débourser de l’argent alors qu’eux-mêmes ils crèvent de faim, qu’ils sont SDF ou ce genre de choses.

Même en France, si tu vois un SDF, il ne va pas gâcher sa tune dans un concert, sauf une fois de temps en temps, pour vraiment se faire plaisir et se sentir vivant. Mais vraiment, tous les jours il n’ira pas voir de concerts; tous les jours ce qu’il fera c’est qu’il ira chercher de la nourriture au magasin, il ira peut-être à la piscine pour se prendre une douche ou ce genre de chose.

Parce qu’au final, écouter une œuvre musicale, pour certains ça peut être un petit plaisir, ça peut être un peu comme un tour de manège ; pour d’autres c’est une réflexion intéressante, c’est pour d’autres encore une jouissance des sens, là on est vraiment dans le haut de la pyramide, ces besoins de développement de soi.

Mais pourtant, les gens achètent les écrans haute résolution, pourtant les gens achètent des places chez Disneyland Paris, les gens sont très attirés par la réalité virtuelle et je ne connais pas une personne qui kifferait avoir Occulus Rift. Les gens aiment bien boire les petits cocktails dans des bars ou manger dans des restaurants, etc.

La musique n’est pas un besoin primaire, mais elle peut répondre à un besoin, et elle doit donc se vendre autrement que du pécu ou de l’eau ou de la salade.

Je vais quand même faire une certaine différence entre la musique d’écriture libre et de la musique commandée, c’est-à-dire de la musique de film, de la musique pour les jeux vidéos, tout ce qui est jingle, tout ce qui est musique d’ambiance, etc.

Bref, la musique commandée n’est plus totalement une œuvre d’art, ça devient plutôt une œuvre d’artisanat. Alors attention, c’est absolument pas moins valorisant, c’est absolument pas moins glorieux, et c’est surtout pas moins intéressant. C’est juste un autre domaine de création, c’est un autre travail où l’œuvre est destinée à une certaine utilisation. Et en artisanat, en fait, on a un client, on répond à un besoin, éventuellement à un cahier des charges. Bref, en général, on ne fait pas ce qu’on veut comme en musique de composition libre, en écriture libre.

Pour moi ce sont vraiment 2 activités différentes qui utilisent les mêmes supports, les mêmes outils, mais finalement, l’objectif et le résultat sera foncièrement différent.

De toute manière, ça ne se vend pas pareil, puisqu’un objet qui a une certaine utilité, comme si tu travailles pour un réalisateur et que tu fais une musique de film, ça se vendra, ton travail tu devras le vendre d’une certaine manière; alors qu’une musique libre qui est juste une musique d’écriture libre, de pur plaisir, ça se vend d’une autre manière.

Tu n’as pas un réalisateur qui va venir pour te demander, ou alors c’est vraiment très rare, mais il faut vraiment avoir un coup de chance. Mais pour le coup, t’as personne qui va venir vouloir t’acheter ta musique parce qu’elle va lui servir pour quelque chose.

Bref, vendre de l’art pur, ce n’est pas vouer un art qui n’est pas voué à une utilisation quelconque, c’est donc un cas particulier de commerce.

Alors, en fait, pour moi le problème ce n’est pas que la musique ça se vend mal, le problème c’est que les artistes ne sont pas des vendeurs en fait tout simplement, et qu’ils ne savent pas vendre.

Parce que leur expertise, leur activité principale c’est la création artistique, et ce n’est pas la vente, ce n’est pas le commerce, ce n’est pas le marketing. Mais pour moi, s’ils n’arrivent pas à vendre ce type de produit quelque part, s’ils n’arrivent pas à vendre ces œuvres d’art, c’est parce qu’ils n’ont pas ces compétences et ils ne savent pas comment vendre ces œuvres d’art.

Enfin, au final, en soi c’est pas grave, quoi. Si ton but c’est pas de vendre, c’est tant mieux, je veux dire tu composes ta musique, tu composes ta musique, tu la fais écouter à tes proches, à des amis sur Facebook, et puis basta. Si t’es content avec ça tant mieux.

Mais si tu veux vivre de ta musique, alors là ça devient un problème central, parce que si tu veux vivre, on ne peut pas vivre d’amour et d’eau fraîche quoi. Tu dois bien avoir une rente, avoir de l’argent qui rentre. Et du coup, ta musique, si tu veux vivre de ton art, il va falloir quelque part commercialiser, avoir des talents de vendeur, quoi.

D’ailleurs beaucoup de musiciens finissent par devenir profs de musique un petit peu par défaut pour quand même vivre de leur art, quand même vivre de leur passion.

C’est un peu dommage, mais c’est quand même une astuce: finalement ils ne vendent pas leurs musique, ils vendent leur talent, leurs connaissances, ils vendent une expertise. Donc là, c’est quand même un domaine d’activité qui est plus facile à vendre, et c’est souvent pour ça qu’on finit prof de musique. Alors que vendre de l’art pur ça se vend autrement.

Voilà écoutes, c’était une vidéo que je voulais faire rapidement pour aborder ce sujet qui est l’argent pour les musiciens.

C’est un sujet très tabou, je m’attends à avoir une tonne de critiques, mais c’est pas grave.

Moi, c’est un sujet qui, je pense, est central parce qu’on a tous un petit peu rêvé de vendre un album, de vendre des T-shirt, faire des concerts et tout ça, et être rémunéré finalement.

Donc, pour moi c’est un sujet qui touche pas mal de musiciens, alors je voulais en parler.

Dis-moi ce que t’en penses toi, mets un petit Like si t’as aimé la vidéo, et puis nous on se retrouve dans la prochaine vidéo.

Tchao Tchao !