Cet article est issu du guide des modes musicaux. Nous allons nous intéresser ici au mode phrygien. Et plutôt que de devoir réinventer la roue en partant de zéro, voici pour vous des conseils pour « naviguer » plus facilement dans ce mode. On va voir son harmonisation, des astuces sur les degrés et leurs fonctions, quelques accords notables qui caractérisent bien le mode de mi, la couleur modale qui en ressort et enfin j’ai ajouté quelques exemples à la fin !

Le mode de mi en bref

A-phrygien_portee
mode phrygien

Le mode phrygien sur le Tonnetz, en tonalité de La

  • Nom :
    • mode de mi (nom moderne)
    • mode phrygien (nom courant)
    • mode bhairav (nom indien)
    • mode deuterus (nom ecclésiastique)
    • mode ishartum (nom sumérien)
  • Échelle : Diatonique
  • Intervalles caractéristiques du mode : m2 et 5 (mais principalement le degré II mineur qui le distingue de la gamme mineure naturelle)

Notez que le mode phrygien moderne dont on parle ici n’a rien à voir avec le tonos phrygien de la Grèce antique. Pour éviter cette confusion commune que j’ai moi-même longtemps eue, il ne faudrait pas appeler les modes diatoniques des “modes grecs”. (Plus de précisions ici, ici et ici)

Harmonisation du mode phrygien

3 sons 4 sons  Intervalles constituants  Sur le tonnetz
i -7 [ou m7, min7] accord min7  accord mineur 7 - tonnetz
♭II Δ  [ou M7, maj7] accord maj7  accord de 7e majeure - tonnetz
♭III 7 accord de dominante  accord de dominante - tonnetz
iv -7 accord min7  accord mineur 7 - tonnetz
v° [ou dim ] ⌀7  [ou m7b5 ]  -7b5
♭VI Δ accord maj7  accord de 7e majeure - tonnetz
♭vii -7 accord min7  accord mineur 7 - tonnetz

Astuces et particularités de ce mode

  • Avant tout, c’est un mode mineur. On le sait grâce à son IIIe degré qui est mineur (noté ♭III). Rappelez-vous que le mode phrygien est quasi identique au mode aéolien, seule la seconde est différente.
  • Pour aborder ce mode, vous pouvez éventuellement partir du mode pentatonique mineur en retirant les degrés ♭II et ♭VI.
  • L’intervalle de seconde mineure entre les degrés I et ♭II produit une dissonance harmonique risquée. On évitera de les faire sonner en même temps si on ne veut pas trop se prendre la tête. (adieu les accords sus2 sur le degré I).
  • Mais cette dissonance devient très intéressante mélodiquement : le ♭II attire très fortement le I. Utilisée en ornement ou en note de passage, elle sera du plus bel effet. Par exemple dans un mordant ou un gruppetto autour de la tonique.
  • Ses deux tétracordes sont identiques (½-1-1). Ceci permet d’intéressantes transpositions pour des motifs mélodiques.
  • Avec une approche plus modale que tonale, vous pouvez jouez le mode phrygien sur un accord m7. Exactement comme les modes dorien ou aéolien d’ailleurs. L’utilisation du mode phrygien sera d’autant plus justifié si l’un des accords qui précède ou qui suit l’accord m7 peut aussi faire partie de ce mode.
  • Une gamme en mode phrygien possède une relative en mode mixolydien (Par exemple : Do mixolydien est la relative de La phrygien)

Quelques accords et progressions notables

  • Isus4 b9
  • ♭II
  • IV-6
  • ♭VIsus4 9
  • IVm – bIII – bII – I (qui est en fait la cadence andalouse Im bVII bVI V du mode mineur, mais pensée en phrygien)

Les couleurs du mode phrygien

853ba33dc9e41e3260977d393d948bf8Le mode phrygien est un mode qui peut avoir des sonorités latines ou espagnoles (Rumba, Jazz manouche, etc.. ). Il sonne super sur une guitare sèche. Joué en staccato ou rasgueado, il ressort bien. C’est le mode de la passion. Le “flamenco du pauvre” en quelque sorte… De ce point de vue, le mode phrygien dominant serait un mode complémentaire pour avoir LA sonorité espagnole.

Sur une harpe ou d’autres instruments anciens, on peut lui donner une sensation mystérieuse et antique. Il est très tendu et triste.

Joué sur une guitare avec distortion, c’est un mode beaucoup plus sombre et puissant que l’aeolien (grâce à son bII). Il est également très exploité en metal.

Dans son ouvrage Della natura et operatione di tutti gli tuoni (Venise, 1525), le théoricien Pietro Aaron, écrit : « Parfois, l’animosité et la colère sont utiles : par exemple au général lorsque son armée et lui se mobilisent et souhaitent intimider l’ennemi. Dans ce cas, le chanteur se sert du mode phrygien, car celui-ci enflamme la colère et échauffe les esprits. ».

Exemples

Comment aller plus loin :

Je suis actuellement en train de rédiger un livre numérique gratuit intitulé Le guide des modes musicaux qui explique plus en profondeur la musique modale. Avec ce livre, vous lèverez le voile sur :

  • l’essentiel à savoir de l’histoire de la musique modale pour avoir un bon bagage culturel
  • des explications supplémentaires pour bien comprendre comment ça fonctionne
  • et vous trouverez encore plus de modes issus de la gamme pentatonique et d’autres modes contemporains

Et en annexe, dans le livre :

  • Les fiches récapitulatives de tous les modes présentés dans le guide
  • Les grilles Tonnetz de chaque mode, à imprimer

Vous pouvez recevoir ce livre quand il sortira. Pour ça, il suffit de remplir le formulaire juste en dessous pour que je puisse vous envoyer le livre par email.  Le livre est entièrement gratuit, pas de soucis ;)

Mentions légales : en soumettant ce formulaire, j’accepte que mes informations soient utilisées uniquement dans le cadre de ma demande et de la relation commerciale éthique et personnalisée qui peut en découler. Lire la Politique de Confidentialité.

Prénom :
Email :